Les chasseurs, entre le marteau et l’enclume !

La chasse est avant tout, un loisir, une passion, un sport. Il s’agit sans doute du plus ancien de nos loisirs, pratiqué longtemps en France par la noblesse, il s’est démocratisé après la révolution.
Cette activité a depuis, beaucoup évolué dans ses pratiques, avec au fil des années la mise en place d’une règlementation très restrictive, mais elle a su garder cette magie, partagée entre chasse moderne, protectrice, respectueuse de la nature et pratique ancestrale où l’être humain ressent encore cette envie de cueillir pour se nourrir.
Tantôt considérés comme écologistes au vu de leurs connaissances empiriques de la faune sauvage, ou comme sauveurs contre les animaux dévastateurs des cultures ou de la forêt ou encore comme des « barbares » par la mise à mort des animaux que les écrans ont transformé en douces peluches inoffensives, les chasseurs se situent en permanence entre le marteau et l’enclume. 

Durant ces quarante dernières années, la pratique de la chasse a dû s’adapter.
Dans les années d’après-guerre, le petit gibier (lièvre, perdrix, lapin…) était très abondant et les chasseurs étaient avant tout des cueilleurs. La règlementation était simple : une date d’ouverture et une date de fermeture suffisaient à organiser les prélèvements d’animaux en surnombre tels les lapins de garenne qui pouvaient dévaster entièrement des parcelles de culture. Puis, sont venues des maladies virales qui ont décimé ces populations et l’évolution galopante de l’agriculture intensive qui a modifié les habitats favorables à la petite faune. Parallèlement à cela, les forêts ont été délaissées de tout entretien, ce qui a favorisé la progression du « grand gibier » sangliers, chevreuils…

Evolution des pratiques
Les chasseurs ont dû s’organiser pour chasser différemment, en battue (en groupes avec des personnes postées et des rabatteurs), seule méthode efficace pour limiter les populations de sangliers qui ont progressé de façon exponentielle et qui occasionnent des dégâts aux cultures (prairies, maïs et céréales).
Ce mode de chasse en groupe, le plus répandu aujourd’hui ne bénéficie plus de l’image traditionnelle du grand père qui partait seul avec son chien. Les règles de sécurité indispensables aujourd’hui, ont couvert les épaules des chasseurs de vêtements fluorescents qui les rendent visibles aux yeux de tous, dans les campagnes.

Evolution de leur implication dans la gestion des territoires
Parallèlement, pour combler la dégradation des habitats, les chasseurs portent financièrement et humainement de nombreuses actions de préservation de l’environnement, telles que les plantations de haies, le curage des mares, l’implantation de cultures diversifiées, l’ouverture des milieux, l’entretien des chemins…

Des valeurs fortes
A l’heure où la société est individualiste, les chasseurs quant à eux partagent de vraies valeurs de convivialité et animent les villages. Ils font preuve de patience, d’écoute et d’observation, autant de notions en perte de vitesse aujourd’hui.  

Les dérogations liées au COVID, une nouvelle incompréhension
Lors du confinement annoncé en octobre par le gouvernement, en début de saison de chasse, une circulaire ministérielle a annoncé des dérogations pour la régulation des populations de grand gibier qui relève de l’intérêt général au vu des dégâts occasionnés sur les cultures.
Ces dérogations incomprises par le randonneur, le joggeur ou encore par le commerçant qui ne pouvait plus travailler, l’étaient également pour le chasseur. Le chasseur, comme cela a été dit précédemment, va à la chasse par loisir et non avec des objectifs chiffrés de régulation même s’il participe à l’équilibre entre la faune et les activités agricoles. Le chasseur de petit gibier, s’est vu lui, interdit de sortie quand la chasse collective pouvait avoir lieu, incompréhensible d’un point de vue sanitaire.